Les 3 Boutons
réalisé par Agnès Varda
« Mademoiselle Jasmine ! J’ai un paquet pour vous ! » L’adolescente de 14 ans qui porte un appareil dentaire arrête de traire la chèvre. Le facteur est venu lui apporter une surprise. Elle ouvre le colis et en sort une sublime robe de bal magenta qui fait dix fois sa taille. « Je suis curieuse », dit-elle avant d’entrer dans les plis de la robe. De là, l’obstinée, la rêveuse, la réaliste Jasmine nous entraîne dans un anti-conte de fée moderne à travers les grottes et les stalagmites, les rues et les vitrines, les obsessions et l’émancipation du quotidien.
Les 3 Boutons est réalisé par Agnès Varda, légendaire réalisatrice de 87 ans, considérée par beaucoup comme le fer de lance de la Nouvelle Vague, qui a remporté la première Palme d’Or d’honneur au Festival de Cannes de 2015. Les 3 Boutons est le dixième épisode de Miu Miu Women’s Tales, la série de courts-métrages réalisés par des femmes, applaudie par la critique et qui célèbre la féminité au XXIe siècle.
Cet épisode représente à la perfection le monde unique d’Agnès Varda. Il reprend de nombreuses références de ses soixante années de cinéma, pendant lesquelles elle a notamment réalisé les incontournables La Pointe Courte (1955), Cléo de 5 à 7 (1961), Sans toit ni loi (1985) et Les Plages d’Agnès (2009).
« On joue avec la réalité », raconte Agnès Varda. « Ça s’appelle le cinéma. »
Le personnage principal de « Les 3 Boutons » est incarné par la jeune Jasmine Thiré et le court-métrage a été tourné à Bonnieux et rue Daguerre, à Paris, où Agnès Varda vit depuis 50 ans. L’histoire renverse avec subtilité les clichés de l’adolescence des filles. Jasmine préfère l’uniforme scolaire et l’éducation à l’allure d’un mode de vie à la Cendrillon.
« J’ai tout de suite vu la juxtaposition contradictoire de la vie à la ferme et de la haute couture », explique Agnès Varda. « L’élément le plus minimal, le plus essentiel, est le bouton. 3, 2,1… Go ! » Alors que les trois boutons tombent un à un de la robe de Jasmine, chacun plein de promesses et de changement, on se rend compte que la description d’Agnès Varda d’une « jeune fille qui se découvre » s’applique tout autant à la réalisatrice octogénaire qu’à la protagoniste curieuse.
Photos de Brigitte Lacombe